« Debout ! » L’ordre claquait à ses oreilles comme claque une grenade. Combien de temps s’était il assoupi ? Il ne saurait le dire mais c’était déjà le branle-bas le combat autour de lui, qui remettant le sac sur ses épaules, qui tentant d’accrocher ses rangers. Ses rangers… Il se maudissait. Quand il leur avait été dit de prendre un change, il avait pensé à prendre un uniforme de rechange, une paire de chaussettes mais à quoi lui servait une paire de chaussettes propres et sèches si au bout de trente secondes elles ne l’étaient plus. Il n’avait pas pensé à prendre une autre paire de rangers. Il allait donc maintenant devoir faire l’ensemble et le reste avec les pieds mouillés ce qui était un handicap mais aussi un risque de blessure. En effet, le frottement mouillé facilitait l’apparition d’ampoules qui en grandissant mettraient la peau à vif. « Bougez-vous bordel ! Vous voulez qu’on vous serve le thé ? En colonne derrière Maxence, au p’tit trot et en avant ! Vous perdez du temps ! ».
Il était devant. Il avait presque déconnecté son cerveau. Courir. Ne pas s’arrêter. « Qui abandonne une fois, abandonne toujours » disait le Patron. Il n’avait pas tort. Il courait. Quelle heure pouvait-il être ? Ce n’est pas possible, il n’allait pas dormir de la nuit.
« Oh les marathoniens ! Ça se passe bien ? Rien à foutre des copains à l’arrière ? Demi-tour ! Allez les chercher ! On court en cohésion ! ». Aussitôt dit, aussitôt fait et c’est en bloc qu’il voyait au final d’un tournant le campement. Combien de temps, combien de kilomètres avaient ils couru ? Campement. C’était vite dit. Il fallait encore monter les tentes.