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les nouvelles de Jacques Martel

les nouvelles de Jacques Martel

En toute humilité, je travaille ma pierre brute et j'écris pour mon plaisir, peut être le vôtre, pour polir la pierre qui est en moi sans autre ambition


" Qui abandonne une fois, abandonne toujours ". 6/ Le brancardage une nouvelle de Jacques Martel

Publié par Honneur et Patrie sur 25 Septembre 2019, 22:13pm

Catégories : #jacques Martel, #nouvelle

 " Qui abandonne une fois, abandonne toujours ". 6/ Le brancardage une nouvelle de Jacques Martel

Il y avait des moments qu’on pouvait assimiler à du repos comme l’instruction quant au brancardage d’urgence. Ils étaient en train de courir quand Maxence mettait au sol un des stagiaires. «  Il est touché ! Qu’est-ce que vous faites ? Toi ! Qu’est-ce que tu fais ? » A peine la question posée, il le mettait au sol aussi « trop tard, trop long, il est mort aussi ! Toi, qu’est-ce que tu fais ? » « Je riposte ». « Tu vas riposter avec quoi, tu n’as pas d’arme. Tu vas lui jeter une branche, un caillou ? T’es mort ! ». Il fallait garder son sang-froid, réfléchir vite. Nous étions des Paras et on ne laisse pas un frère d’arme en arrière. « On l’évacue… ». « Bien Baudouin, il réfléchit lui, cohésion. On est unis dans la vie, dans la blessure, dans la mort. Assis. ». Vous êtes dans la forêt. Il faut vivre avec les éléments, par les éléments, des éléments. Vous n’avez pas de brancard à disposition. Il a pris une balle dans la jambe. Il faut agir en urgence…. Donc ? … ». Le silence régnait dans les rangs. « Bougez-vous ! Il se vide là ! ». Fort de son passé d’Ambulancier Baudouin dit « il faut faire pression sur la plaie, voire faire un poing de compression en amont de la plaie ». « Bien. Pour ce faire, vous prenez un tee-shirt. L’importance d’avoir toujours sur soi de la corde, du boot comme disent les marins. Vous posez le tee-shirt sur la plaie, vous compressez et vous entourez avec le boot de façon à faire une bande et non pas juste un tour. Si vous faite un tour, vous stopperez le sang mais dans tout le membre et en trois heures plus de membre. Si vous faites comme une bande de corde, l’hémorragie est arrêtée au niveau de la plaie mais continue à circuler dans le membre.

 

« Ok maintenant on a arrêté le sang. Il faut évacuer. Toi, toi, toi, toi, vous enlevez votre veste. Vous restez près du blessé, les autres vous allez chercher deux bâtons robustes de 2.5 mètres. Go ! Oooooh je vous rappelle que vous êtes en zone de guerre, il y a des vilains autour de vous, donc déplacement FOMEC BLOTT ! Discret ! »

 

Chacun revenait avec son bâton. «  Celui-ci OK, celui-ci, non, non plus, OK. » Ayant fait son choix, il joignait les vestes entre elles à l’opposé, les accrochant par les deux dernier boutons du bas et laissant les bras en croix. Il refaisait méticuleusement la même chose avec les deux autres vestes et les déposait à côté des premières puis passait les bâtons par les manches. «  Voilà, vous avez un brancard de fortune. ».

 

« Georges, couchez ! » Le Georges en question était un Golgoth et ce qui devait arriver, arriva : il fallait brancarder le bestiau. A la tête du brancard, Baudouin intimait un ordre. «  Écoutez, le gars est touché à la jambe mais il peut avoir un trauma crâniendû à la chute ou un trauma du rachis. On se met en position. Je vais vous dire attention pour lever. Prêt à lever ? Vous me répondez OK et je dis levez et à ce moment on lève tous ensemble pour éviter de tordre le copain dans tous les sens au cas où il ait déjà la colonne en vrac et pour éviter d’être déséquilibré et de se casser la gueule. Ok ? »  Et sans attendre de réponse « Attention pour lever. Prêt à lever ? » Et avec la discrétion d’un éléphant dans un magasin de porcelaine les trois autres gueulaient « prêt », « levez ! ». C’était un « bestiau » et ils n’avaient pas fait deux des membres que la douleur dans les bras se faisait déjà sentir. Comme si le sang restait dans la main.

 

«  Allez, on se relaie ! Dès qu’on voit que le copain va lâcher, on prend sa place et on avance, on avance ! ». La progression jusqu’à la sortie de la forêt fut longue, très longue. « Prêt à poser ? Posez ! ». «  Ok, maintenant on doit progresser sur une surface plane, on le dégage. Go ! » . Nous le remettions sur le brancard quand d’une ruade Maxence les faisait tous tomber. « Putain mais réfléchissez avec votre tête et pas avec votre queue pour une fois ! Surface plane… Il est blessé à la jambe donc il ne peut marcher, c’est tout. Donc ? Un gazier prend le brancard et un copain prend le copain blessé et court ! » Joignant le geste à la parole, il prenait le bras du Golgoth le faisait passer au-dessus de sa tête, fléchissait sur ses jambes, calait sa tête sur le ventre du copain, et se relevait en tendant les jambes avec le blessé sur les épaules. «  Et maintenant, on court ! ». Ce qu’il fit pour s’arrêter peu après et passer le relai à un autre homme. Le relai se fait plusieurs fois jusqu’à l’objectif. « Bien sûr, s’il est blessé au ventre, on évite ça, mais si on ne peut pas faire autrement, quitte à mourir autant essayer de survire ainsi aussi. Vu ? Ok à dispo de Valéry ! Bougez-vous ».

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